vendredi 21 novembre 2008


Voici un petit conte de Noël qui m'a été inspiré par le paysage de La Belle Brume et ma fille! La Belle Brume est un grand champ envahi de brume, entouré d'une jeune forêt et cerné par deux étangs. Les cèdres l'entourent comme autant de sentinelles. (le 17 décembre 08)

LE CÈDRE AUX OISEAUX
Debout, fier et droit se tient le cèdre, comme une sentinelle, derrière la pierre plate et allongée qui semble surgir du tapis de mousse grise qui l’entoure. Elle servira de table pour le festin que Pomeline destine aux oiseaux la nuit de Noël. Un peu plus loin, toujours en vis-à -vis devant le cèdre, sont groupées le trio des roches qui sont un des perchoirs favoris de Pomeline. Elle aime y grimper pour observer les nuages, les oiseaux, la forêt et le ciel au loin. Le ciel est d’un bleu translucide, derrière des nuages floconneux. Ces boules de ouate dans des teintes de blanc, de gris et de crème ourlent le firmament d’une somptueuse dentelle. Pomeline les contemple, émerveillée.
Déjà le soleil glisse vers l’horizon et diffuse une douce lumière, colorant le ciel de nuances de pêches et d’abricots mûrs. Les nuages sont frangés de violet, de gris argenté et d’indigo. Leur masse floconneuse s’étire derrière la forêt. Bientôt, le ciel va se réchauffer avec des lueurs roses et orangées car le soleil disparaîtra derrière les cèdres noirs. Pomeline pense que cette partie de la journée est la plus belle. L’école est finie, elle est libre d’explorer les champs et la petite forêt.

Ce soir, c’est la veille de Noel et elle ressent très fort la magie de ce soir féerique. Les oiseaux volent plus bas, cherchant un abri et quelques miettes de nourriture avant la nuit. Pomeline a rempli un sac de graines variées, de croftons et de miettes de gâteaux et de biscuits. Depuis deux semaines, elle les a ramassés avec soin pour les offrir aux oiseaux en guise de réveillon.
Joyeusement, elle grimpe sur la grande pierre plate et se met à disposer ses friandises comme pour un repas de fête. Il y a, sur cette pierre, en forme de demi-lune, un joli tapis de mousse, des aiguilles de conifère ainsi que de jolies plumes d’oiseaux que la fillette utilise pour décorer la table.
Un lourd bruissement d’ailes se fait entendre, semblable B du satin qu’on froisse. Pomeline lève les yeux au et n’a pas le temps de réagir car un bec immense saisit son capuchon et l’emporte vers les cieux, maintenant assombris.
Toujours sous l’effet du choc, elle se retrouve confortablement installée au creux d’un immense cumulus ourlé de rose foncé. C’est presque la nuit, tout autour le ciel est d’un noir profond et semble encore plus loin. Elle se met à trembler de peur, mais voilà que des oiseaux de toutes sortes l’entourent et lui font entendre un concert de gazouillis. Un mignon chardonneret vient se poser sur son épaule et lui tend une magnifique plume blanche avec des reflets bleus et gris. Pomeline se sent déjà mieux et pose doucement les doigts sur la plume. Elle sent aussitôt qu’elle reprend contact avec la pierre. Elle est de nouveau assise sur sa pierre entourée de son festin aux oiseaux. Ceux-ci se sont mis à voleter autour de la pierre, n’osant pas déranger Pomeline dans ses rêveries. Cependant, un chardonneret est tout près de sa main et picore gentiment. Il la regarde à chaque becquée, prêt à s’envoler au moindre mouvement brusque. Elle le contemple tout en caressant sa plume magique.
Puis, elle brosse doucement la surface de la pierre avec cette plume. Mille idées et émotions l’envahissent et semblent vouloir se projeter au dehors d’elle. Pomeline sent que sa visite aux oiseaux est terminée, elle doit rentrer. Elle glisse doucement de la pierre et les oiseaux forment un joli cercle au-dessus de sa tête, faisant leurs adieux. La fillette sent que cet endroit est magique. Elle reviendra chaque jour à cette heure privilégiée pour y puiser de l’inspiration. Cette pierre sera son point de départ d'où elle s'envolera vers des pays imaginaires qui seront une source d'inspiration pour tous les contes magnifiques qu'elle rêve d'écrire.
Encore une fois, elle lève les yeux. C’est la nuit, vite il faut rentrer! Elle court vers la maison, cachant dans son manteau la jolie plume et dans son coeur toutes les idées et les émotions qu’elle ira déverser dans son carnet ce soir pour créer de jolies histoires.
Pomeline ouvre la porte de la maison, levant sa plume vers les airs et la porte se transforme en pages d'un livre rempli de dessins magnifiques. Elle se sent glisser vers le chemin qui se dessine au fond du couloir et disparaît dans un filet de brume.


jeudi 20 novembre 2008

Synchronie hivernale
La lourdeur des flocons
Étale sur l’azur et la lande sa couverture de froidure

La nature déploie sa parure pour le banquet final
Comme un étal garni de blanches guipures

Tel un guivre couvert d’engelures, le verglas avale les champs et bosquets, laissant dans son sillage un ruban de satin translucide

Le brouillard dense et blanc accroche des guimpes légères sur les bras tendus des demoiselles cloîtrées dans la chapelle hivernale de la forêt

Une rafale folle vient céer une triste farandole laissant des pics et des noeuds glacés comme autant de pierres tombales dans le cimetière de l’hiver

Agitant leurs bras décharnés afin d’attraper quelques oiseaux dansants dans la brise sifflants tels des galoubets aux cris déchirants, les demoiselles secouent leurs voiles blancs au rythme de la valse du vent infernal

Des filets bleutés s’élancent du ciel, cernés de violet, de rose et d’orangé
Roulant devant eux pour un salut final, l’étoile solaire
Et tirant les rideaux sur le spectacle de l’hiver

Catherine
Janvier 2002

lundi 17 novembre 2008


Brume matinale


Le lac apparaît d'abord comme un miroir blanc. Les filets de brume cachent les arbres, les colorent de gris, de bleu, de mauve et les reflets sur le lac semblent froids et lisses comme du verre. À mesure que la brume se dissipe, les tons de vert, de bleu et de jaune s'entremêlent. Le lac devient le miroir de la forêt qui l'entoure. C'est un matin gris, lisse comme l'acier, brillant comme le chrome. Des heures rares qui ne s'offrent pas tous les jours. Le soleil se lève et se couche sans nous surprendre; quelquefois il se cache et se fait discret et à d'autres moments il éclate et nous éblouit.
Lorsque la brume nous visite, elle se fait belle, douce, glacée ou iridescente juste avant de s'évanouir. C'est une dame mystérieuse qui se glisse à nos pieds, revêtant le paysage pour nous en faire découvrir des facettes cachées.


Et voilà la Belle Brume!

vendredi 7 novembre 2008

L'automne à La Belle Brume



Le gris matin souffle la brume
Attire un vautan du pays des oranges
Découvre un champi
Blond, cuivré par l'abandon
Craintif comme un agneau sauvage
Il s'enfuit vers la rivière longue
Ricochant comme un galet sur l'autre rive
Disparu comme l'illusion qui se mêle à la réalité d'un jour d'automne trop chaud
Où l'assoupissement au soleil embrume les rêves et les visions
Au creux du hamac bercé par l'autan