samedi 20 février 2016

Pluie glacée, branches lavées
Arbres brisés, égratignés
Sentiers affaisés
La nature nous attaque et prend sa place
Elle nous ramène sur la glace
Bois gris, écorché, parsemé de couleurs surranées
Gouttes d'eau tranchant les nuages gonflés
Crevés et s'épanchant sur nos corps accablés
Maudit hiver, je veux te quitter!

mardi 16 février 2016

Lire "Le livre de l'intranquilité" par Fernando Pessoa, c'est s'assurer un moment de beauté, une visite des Muses, l'espoir que l'art peut changer le monde.
      "J'aime à dire. Mieux encore, j'aime à enfiler les mots. Les mots sont pour moi des corps palpables, des sirènes visibles, des sensualités incarnées. Peut-être parce que la sensualité réelle ne présente pour moi absolument aucun intérêt - pas même mental, pas même en rêve; pour cette raison peut-être, le désir s'est transmué en ce qui est capable, en moi, de créer des rythmes verbaux, ou de les écouter chez les autres. Je frémis de plaisir s'ils disent bien. Telle page de Fialho ou de Chateaubriand éveille tout un fourmillement de vie au fond de mes veines, me plonge dans une fureur tremblante, extatique, sous le plaisir inaccessible que je connais en ces moments-là. Telle page, même de Vieira, dans sa froide perfection de mécanique syntactique, me fait trembler comme une branche au vent, dans un délire passif de chose que l'on agite". p. 288


J'aurais bien aimé écrire ce passage. Ce livre, une brique de six cents pages, abonde en paragraphes poétiques ou en réflexions profondes sur tous les sujets. Je peux l'ouvrir au hasard et trouver des phrases qui me délectent par leur poésie ou par l'habileté avec laquelle l'auteur les a construites et la vérité qui s'en dégage. Chaque fois que je lis un passage, cela suscite des pensées qui m'inspirent à écrire ou à créer.