mercredi 27 janvier 2016

Lorsque les événements mondiaux m'inquiètent, lorsque les puissants de ce monde me dégoûtent par leur abus du pouvoir, que les riches continuent de ruiner la planète par l'abus qu'ils font de nos ressources et le gaspillage qui s'en suit, je pense au lac Indien. C'est un petit trésor encadré par des arbres avec une famille de canards qui revient quêter des bouts de pain à tous les étés. Je peux m'asseoir sur le balcon du chalet, les pieds bien enveloppés dans ma doudou, une tasse de café dans les mains et contempler les rides des vagues sur le lac tout en écoutant la musique que font les peupliers faux-tremble dans le vent léger qui les balance. J'aimerais bien m'y rendre plus vite des fois.

samedi 16 janvier 2016

       La forêt, ce refuge éternel. Il me reste encore à lire le livre de Thoreau; il m'attend sur l'étagère de mon bureau comme une leçon que je dois subir, comme si je craignais les découvertes qui m'attendent entre ses pages. En ce moment, j'ai plutôt envie de me réfugier chez Robertson Davies. J'y ai trouvé ce passage qui me réconforte et me donne à réfléchir tout à la fois.

        "Il existe bien des façons d'éduquer la sensibilité. Je recommande la lecture comme la plus       abordable. Elle est à la portée de tout le monde. Est-ce que nous y recourons vraiment?
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la littérature est un art, et qu'en tant que telle, elle a le pouvoir d'élargir et de raffiner notre compréhension de la vie ". 

Lire et écrire. p. 21, Robertson Davies.

       Robertson Davies touche un point sensible. Bien des gens s'imaginent que l'éducation et le pouvoir ne sont accessibles qu'à travers de longues études, des investissements considérables d'argent et de temps et une intelligence moyenne ou supérieure. Pourtant, tout ce dont nous avons besoin, c'est un livre. Un livre en attire un autre et plusieurs livres attirent des gens et des discussions. Si je résume un autre passage de ce livre de Davies, il faut trouver un écrivain qui est capable d'ensorcellement, le shamanstvo, le pouvoir d'enchanter. Cet écrivain, cette écrivaine qui va susciter d'inattendues et merveilleuses révélations sur la vie et sur nous-mêmes.
      Voilà ce que je cherche dans mes innombrables lectures: le shamantsvo.



mardi 12 janvier 2016

             Il neige; il fait froid. Je veux me transporter à Madrid, parcourir des rues bordées de statues représentant des personnages inconnus de ma culture, racontant une histoire qui me fera frissonner. Je veux arrêter dans un café avec une banquette en velours râpé, des tables bistros qui peuvent tout juste accueillir deux cafés et deux assiettes, un vieux piano dans un coin, un bar décoré de cuivre, de laiton, de marbre et un garçon habillé de noir et de blanc avec la serviette pliée sur son avant-bras. Nous pourrions y passer trois heures à siroter nos cafés, à écouter subrepticement la conversation du couple sur la banquette voisine. Nous serions aux aguets afin de connaître le dénouement de leur drame et de poursuivre dans notre conversation le débat qui les animait. Ensuite, nous irions à regret déambuler dans les rues pavées de pierres pour forcer les touristes à faire des arrêts fréquents dans les boutiques. Toutefois, nous choisirions comme l'an passé de faire le tour des terrasses au Jardin botanique en s'émerveillant des couleurs, des formes de tous ces végétaux qui n'auraient aucune chance de survivre dans notre froidure canadienne.
              La neige devient plus dense; elle tourbillonne dans le champ et masque les herbes jaunies, s'accrochant aux arbustes et couvrant de sa douceur les racines des arbres. Les flocons deviennent plus lourds et se collent au sol, imitant la blancheur du marbre avec des veinures brunes, grises, jaunes et rougeâtres. En dépit de tous ses efforts pour déguiser le paysage, la neige ne peut remplacer le bonheur de contempler toutes les variétés de pierres et de marbre étalées dans le paysage urbain de Madrid. O sol mio!

lundi 11 janvier 2016

Sagres, le Portugal. Il fallait avoir une soif infinie de connaissances pour se lancer en mer avec des moyens comme une rose des vents dessinée dans du gravier et du sable au sommet d'un plateau avec vue sur l'océan Atlantique et le bout du monde. Lorsque je regarde cette photo, je suis ébahie par cette rose des vents. Je songe à tous les outils à notre disposition et les difficultés que doivent affronter les navigateurs et à quel point ces difficultés nous semblent incommensurables maintenant.  Qu'en était-il il y a des centaines d'années? Un choix limité de transport, d'outils scientifiques, une connaissance plus ou moins intuitive de la navigation. Pourtant, les explorateurs du Moyen-Âge se lançaient sur l'océan en toute confiance. Le besoin de découvrir, de connaître et d'apprendre dépassait la raison et la prudence. Nos ancêtres étaient des rêveurs. Les scientifiques de notre époque doivent réapprendre à rêver comme eux.

dimanche 3 janvier 2016

Une année dont on se souviendra: au début une attaque contre des dessinateurs, des artistes, des écrivains et à la fin une attaque envers le style de vie des Parisiens. Étant une artiste, je crois en la liberté d'expression. Les artistes écrivent l'histoire des civilisations mais ils la créent aussi. Leurs intuitions laissent deviner ce que le futur peut apporter. J'ai choisi cette photo de l'exposition Alex Colville à Ottawa car elle représente pour moi ce que l'artiste voyait dans la société de son époque.
Un artiste dérangeant, surprenant qui a eu une carrière importante et assez improbable.