mardi 12 janvier 2016

             Il neige; il fait froid. Je veux me transporter à Madrid, parcourir des rues bordées de statues représentant des personnages inconnus de ma culture, racontant une histoire qui me fera frissonner. Je veux arrêter dans un café avec une banquette en velours râpé, des tables bistros qui peuvent tout juste accueillir deux cafés et deux assiettes, un vieux piano dans un coin, un bar décoré de cuivre, de laiton, de marbre et un garçon habillé de noir et de blanc avec la serviette pliée sur son avant-bras. Nous pourrions y passer trois heures à siroter nos cafés, à écouter subrepticement la conversation du couple sur la banquette voisine. Nous serions aux aguets afin de connaître le dénouement de leur drame et de poursuivre dans notre conversation le débat qui les animait. Ensuite, nous irions à regret déambuler dans les rues pavées de pierres pour forcer les touristes à faire des arrêts fréquents dans les boutiques. Toutefois, nous choisirions comme l'an passé de faire le tour des terrasses au Jardin botanique en s'émerveillant des couleurs, des formes de tous ces végétaux qui n'auraient aucune chance de survivre dans notre froidure canadienne.
              La neige devient plus dense; elle tourbillonne dans le champ et masque les herbes jaunies, s'accrochant aux arbustes et couvrant de sa douceur les racines des arbres. Les flocons deviennent plus lourds et se collent au sol, imitant la blancheur du marbre avec des veinures brunes, grises, jaunes et rougeâtres. En dépit de tous ses efforts pour déguiser le paysage, la neige ne peut remplacer le bonheur de contempler toutes les variétés de pierres et de marbre étalées dans le paysage urbain de Madrid. O sol mio!

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