lundi 5 décembre 2016

Niagara-sur-le-lac, quelle jolie ville. Il y a trois mois, lors de la prise de photo, il faisait au moins 35 degrés C dans ce joli village. Le climat y est si agréable; je comprends que certaines gens veulent vivre dans ce lieu enchanteur. Mon paysage couvert de cette mousse blanche et froide a bien du charme. Pourtant, je prendrais l'avion demain pour un lieu plus ensoleillé.
Lectures de la semaine: L'insouciance de Karine Tuil, Dante, en bribes, "If the dead rise not" par Philip Kerr, et des nouvelles de Monique Proulx, "Les Aurores montréales". Pure coïncidence, le thriller de Kerr se passait en partie à Cuba, avant la révolution. Cet auteur fait des recherches incroyables pour ses écrits. Une bonne manière d'en apprendre sur l'histoire si on n'a pas envie de lire des manuels d'histoire. Quant à Monique Proulx, son écriture délicieuse me régale. Comme un repas de poésie. "En contre-plongée, le bois des persiennes se trouve traversé de courants roses, translucides, comme si la lumière venait de mettre au monde cette fenêtre, de lui dévoiler une âme crue et palpitante. " Une description simple mais évocatrice de chaleur, de lumière, d'un moment précis de la journée, du moment où le lecteur verra un personnage s'approcher.
Lire des nouvelles, je crois que cela doit faire partie de l'apprentissage de toute personne qui veut vraiment écrire.

jeudi 3 novembre 2016

Disparu, le soleil arrogant qui nous faisait un dernier salut estival hier! La pluie de novembre ce matin, celle qui me donne le goût de refaire mes valises et d'aller quelque part au soleil. Novembre et avril, les deux mois champions de la grisaille et de la tristesse. La date de la Toussaint, le premier novembre signale le début d'une période de deuil pour moi. Ironiquement, c'est le mois de ma naissance et de celle de mon fils aîné. Novembre, un mois sombre, manquant de luminosité me fait tourner vers l'intérieur, les feux de bois et les bonnes lectures. J'ai décidé de plonger dans un livre de Alberto Manguel, "De la curiosité". Cet écrivain m'intrigue et il représente un immense défi de lecture pour moi. Dans les premiers chapitres, il fait référence à Conan Doyle, Dante, Virgile, des monuments de la littérature, des personnages qui me fascinent et que je vais tenter de connaître sous la tutelle de Manguel, un autre monument de la littérature.
Mon rêve de novembre!

mercredi 2 novembre 2016

Parfois, dans la vie d'un lecteur ou une d'une lectrice boulimique comme moi, des livres nous attrapent par la peau du cou et nous gardent suspendus, les yeux rivés sur leurs pages, avec les doigts condamnés à ne rien faire d'autre qu'à suivre le texte et tourner les pages. Voilà comment je me sentais les cinq derniers jours pendant que je lisais "Mr Gwyn" de Alessandro Baricco. Quel livre inusité, élégant, mystérieux, je me suis fait violence pour le laisser sur ma table de chevet car je n'aurais rien fait d'autre de mes journées et je l'aurais terminé trop vite. En le lisant le soir, avant de dormir, je m'assurais de beaux rêves et du plaisir. Comme c'est si bien dit sur la quatrième de couverture: "Un roman intrigant et brillant".  Je l'ai tellement aimé que je veux le trouver dans la version originale, en italien et le déchiffrer afin de voir si j'ai manqué des subtilités cachées, des phrases délicieuses. "Jasper Gwyn disait que chacun d'entre nous est la page d'un livre, mais d'un livre que personne n'a jamais écrit et que nous cherchons en vain dans les rayonnages de notre esprit" p.212. Il y a de quoi méditer et réfléchir sur cette phrase. Je sens que je vais le lire encore en tout et en partie et sur une longue période de temps, sinon toute ma vie.

 Dans un autre domaine mais quand même pas trop éloigné, j'ai redécouvert un article dans une revue qui me fascine. J'essaie de le lire en petites parties car je dois m'arrêter et y réfléchir. Il me rappelle toutes les discussions que nous avons eues dans le cours Écrits et discours d'artistes à l'UQAM. Le titre est Anna Banti et Artemisia Gentileschi par Emmanuela Genesis dans la revue marges.revues.org. En plus du sujet qui m'intéresse au plus haut point, j'ai l'occasion d'admirer et observer en détails des oeuvres de Artemesia sans avoir à faire des recherches. En effet, elles sont insérées dans l'article. Il est question du lien entre l'écriture et la peinture à travers un roman. Il faut lire l'article plusieurs fois pour en apprécier la profondeur.

Cet article m'a ramené à un autre de mes livres préférés : " Manuel de peinture et calligraphie" de José Saramago. Le sujet du roman: un peintre qui décide de se mettre à écrire. Voilà la boucle est bouclée. L'écrivain qui veut faire des portraits et entre les deux un roman qui mêle la peinture à l'écriture à travers deux artistes.  Je viens de me rappeler que j'ai aussi lu "Trois fois dès l'aube" , un roman mentionné dans "Mr Gwyn" comme un chef-d'œuvre par le même auteur dans ce dernier roman. En parlant de boucle, je me sens entraînée par un lasso dans un dédale ou un labyrinthe. JE suis perdue et je veux me perdre encore. JE retourne lire tous ces romans.

lundi 31 octobre 2016

Temps des moissons


Cette photo me plaît beaucoup, la luminosité, le contraste entre les plantes et les souvenirs de tous les efforts qu'on a faits pour accomplir cela. 


Le champ ouest il y a deux ans. Il n'a pas changé beaucoup. Demain, il fera soleil et je ferai une inspection de mes champs. J'avais tellement hâte de revenir à la maison et maintenant je ferais un autre voyage. J'irais en Suisse ou en Italie ou dans le sud de la France alors qu'il fait encore chaud. J'ai bien aimé le soleil radieux à Bergerac, une ville qui a adopté Cyrano de Bergerac. Dans une petite place charmante, avec un muret de pierres pour le protéger du vent, une église à sa droite et des terrasses peuplées de gens charmants lui faisant face comme s'ils étaient prêts à l'écouter déclamer ses vers. Il trône sur son socle, au soleil. Pendant que je le regardais et que j'admirais toutes les beautés dont il était entouré, les fleurs, les arbres, les pierres chaudes et colorées, un chat se glissait sur le muret et le regardait, muet et ennuyé. Puis il a continué son chemin, il n'est pas sombré dans l'admiration comme je le faisais. Il cherchait tout simplement une pierre chaude ou une proie. Tout de même, j'ai continué à rêver en regardant Cyrano et à siroter comme un nectar les rayons chauds du soleil qui glissaient sur ma peau en cette fin d'octobre. Voilà pourquoi j'aime voyager!

mercredi 21 septembre 2016

L'Italie continue de me faire rêver. Je lis les livres de Elena Ferrante, la série des Romans Napolitains. Son écriture vous fait embarquer dans la vie d'une jeune fillette de Naples et on la suit jusqu'à l'âge adulte , après qu'elle soit sortie de la pauvreté, ait publié un roman, épousé un jeune intellectuel, professeur à Florence et soit devenue mère. Vraiment, j'ai eu l'impression de prendre un immense vaisseau et de me diriger de Naples à Ischia, ensuite à Florence afin de vivre avec Elena le périple qui la mena d'un quartier très pauvre et violent de Naples à ses études et à la rencontre de son mari jusqu'à sa vie de femme brillante mais entravée dans son développement par les contraintes imposées aux femmes en Italie. Un roman brillant!

vendredi 16 septembre 2016

L'automne revient avec son défilé de couleurs, de teintes, de bleus étincelants dans l'atmosphère et puis, rien, la grisaille. Les ombres nous guettent, le froid, l'humidité, les gelées. Je vais m'enfuir. J'irai chercher la chaleur, la douceur cachée et somnolente dans les petits villages de France. Si possible, je ferai un saut à Rome.

vendredi 15 juillet 2016

J'ai envie d'être joyeuse après cet étalage d'émotions. Les nuages dessinent des masses duveteuses, fabriquant des formes en rondeur et en douceur. NICE! Joli et gentil ce ciel qui nous abrite des malheurs et du reste de l'univers qui nous effraie. Les arbres et arbustes déploient un éventail de teintes vertes et jaunes, ponctuées par les floraisons multiples. Quant à moi, je savoure la lecture de Baricco, "La jeune épouse", si bien écrit. En me promenant dans la maison, je découvre mon vieux roman écorné, aux pages jaunies et effritées et en le feuilletant, je me rappelle pourquoi j'ai gardé cette copie. "Le Guépard" de Lampadusa est un chef d'oeuvre et me fait rêver de l'Italie que je ne puis visiter en ce moment. J'ai laissé tomber la lecture du dernier livre de John Irvin, "Avenue of Mysteries". Peut-être que je dois faire trop d'efforts pour le lire en anglais mais je n'arrive pas à m'y accrocher. Par ailleurs, je lis des passages de mon P.D. James en anglais. Voilà la preuve que se faire raconter une bonne histoire nous aide à comprendre les autres et à s'ouvrir sur le monde. Ce soir, je prendrai le temps de lire deux ou trois pages de "M Train" par Patti Smith. Dans ce livre, ce n'est pas tant le voyage qui m'attire mais la façon de penser d'une femme moderne qui me fait réfléchir.
15 juillet 2016
Hier, mon mari et moi avons fêté tranquillement la fête des Français en fêtant notre anniversaire de mariage. J'aime fêter cette journée en allant dans ma belle province, quelque part au Québec. Il semble que notre auto nous mène souvent dans les Laurentides. Un joli pays de collines rondes, de lacs et de rivières qui ne se compare en rien à la majestueuse péninsule de la Gaspésie. Il semble que l'endroit qui nous a vu grandir reste toujours le plus beau. J'aime mon jardin, ma Belle Brume mais le bonheur que j'éprouve à suivre le Saint-Laurent jusqu'à Mont-Joli et ensuite m'enfiler dans la Vallée de la Matapédia ne peut être égalé par aucune autre émotion ressentie en voyageant ailleurs. La beauté changeante du fleuve et de ses rives, les falaises, les plages, les collines et les vallées me ramènenent à mon enfance, mon adolescence et ma jeunesse à Québec.
Après avoir lu les reportages sur les attentats de Nice, je me demande si les gens qui ont laissé leur contrée s'habituent au nouveau paysage et cessent de penser aux cieux qui les ont vus grandir avec nostalgie. Se pourrait-il que cela les pousse à agir violemment, poussés par le désespoir?
JE crois qu'il faut accueillir et prévenir et je crois au pouvoir de la lecture pour développer l'empathie et au pouvoir des histoires pour nous consoler et nous faire comprendre le monde autour de nous.
      Je crois aussi que si les riches de ce monde agissaient de manière plus responsables et faisaient usage de leur argent pour aider les plus démunis, il y aurait moins de gestes désespérés menant à la violence et à la mort de gens innocents.
       Alors M. Hollande, avez-vous vraiment besoin d'un coiffeur qui coûte des milliers de dollars à chaque mois? Pourquoi ne pas mettre cet argent dans les Cités au nord de Paris, dans les H.L.M.?
        Alors que dans la une des journaux canadiens ce matin, nous pouvons voir encore une fois la corruption de notre gouvernement, l'affaire des limos de M. Harper en Inde? Pour les gens sans espoir, sans emploi, sans pays, d'entendre ces nouvelles peut mener à la rage, la violence et aux gestes irréparables. Qu'attendez-vous pour SERVIR vos peuples au lieu de servir vos intérêts personnels et politiques?

jeudi 14 juillet 2016

14 juillet, fête des Français
Je pleure pour toi, douce France, berceau de nos ancêtres, terre de libeté. Ne laisse pas les horreurs du terrorisme briser ton esprit et ton âme. Les poètes, les artistes, les gens épris de liberté affirment haut et fort que nous sommes tous en faveur de la fraternité, l'égalité et la liberté, les valeurs de la douce et belle France. Bleu, blanc, rouge, vive la fête, vive la France!

dimanche 1 mai 2016

Ah les rives du Saint-Laurent! Une photo prise il y a quelques années au Camping près de Lancaster. Il faisait gris comme aujourd'hui. Nous aurions eu du soleil aujourd'hui, je serais allée fouiller dans ma plate-bande, j'aurais cherché des jonquilles, des tulipes, des pervenches. Hier, les feuilles se dépliaient doucement mais aujourd'hui elles se montrent frileuses. Une journée pour lire!
Je lis "La Romancière et l'Archéologue", un récit de voyage par Agatha Christie. Un style direct, incisif, humoristique, beaucoup d'auto-dérision. Je trouve fascinantes ses descriptions de la Syrie et des villes comme Alep, Palmyre, Beyrouth et de pleins d'endroits que je n'aurai jamais la chance de connaître. Agatha Christie découvre les Orientaux mais apprend aussi à mieux connaître son jeune mari et les autres scientifiques, les chercheurs, les architectes. Elle nous les rend sympathiques tout en faisant parfois des portraits peu flatteurs. J'ai l'impression de faire un retour dans le temps. Un récit de voyage qu'on ne fera peut-être jamais, ce qui en fait une lecture encore plus précieuse.
En même temps, je relis "La déttresse et l'enchantement" de Gabrielle Roy, un pur bonheur!

mardi 19 avril 2016

Une journée frileuse, ensoleillée et venteuse. Un beau temps pour dessiner. Le miracle que peut faire une belle plume feutre et fine. Les bourgeons se réchauffent gentiment et montrent leurs couleurs. Les brins d'herbe nouveaux se faufilent parmi les herbes jaunies et les brindilles que les vents d'hiver ont parsemé dans nos champs. Nos conifères ont rajeuni leur palette de couleurs: les verts et les jaunes sont lumineux et leur texture accroche la lumière. Une insipiration pour mon carnet de croquis.  Parfois les croquis et les lectures mènent à la création d'une toile comme celle-ci. J'ai eu envie de représenter mes sentiments après la lecture du roman de Donna Tart, Le chardonneret. Une lecture époustouflante qui m'a réjouie du début à la fin. Depuis ce temps, je rêve de visiter le musée où se trouve l'oeuvre au centre de ce roman: Le chardonneret par le peintre Fabritius.

jeudi 14 avril 2016

Enfin le printemps!
Cela fait au moins trois semaines que je rêve de retourner en Espagne, en Italie ou au Portugal. À défaut d'acheter un billet d'avion et d'y aller, je lis. Encore une fois, un autre roman policier de Donna Leon s'est présenté pour me faire rêver de Venise, je peux rêver de leur bonne bouffe, du musée à ciel ouvert qu'est la Cité des Doges. Je peux en lire trois ou quatre pages chaque jour et rêver que je me promène sur la place St Marc ou que je visite enfin le musée de Peggy Guggenheim.
Depuis le début d'avril, je me revois au Portugal où nous étions l'an passé à la même date. J'ai songé à tous les jours aux fleurs du Portugal, aux plages de sable doré, au buisson de roses près de notre appartement qui s'était éclaté de manière insolente, le 9 avril. Quelle audace! Les roses couleur de grenat, de vin de Bordeaux, me narguaient chaque matin en me rendant au bord de la piscine. En passant près du restaurant, les buissons de romarin nous embaumaient et la vue de l'Atlantique nous comblait à chaque jour. Je n'irai pas ce printemps mais... j'ai trouvé une lecture qui me transporte au Portugal. C'est quand même assez rare que je plonge dans un livre et que j'ai de la difficulté à en sortir. Dans ce cas, je dois le laisser loin de ma vue, sinon je l'attrape et je me perds dedans.
Voilà le plaisir qu'on prend à découvrir encore le talent de conteur de Yann Martel avec Les Hautes Montagnes du Portugal. Sur la quatrième de couverture, le résumé nous procure déjà un sentiment d'évasion. Le roman est découpé en trois récits, de 1904 avec un jeune homme étrange qui marche à reculons. Quand vous saurez pourquoi, vous le trouverez encore plus sympathique. Ensuite, un pathologiste se présente trente-cinq ans plus tard, toujours en lien avec la quête du premier héros. Finalement, un sénateur canadien décide de s'installer au Portugal, cinquante ans plus tard et là, enfin, les trois récits vont s'entremêler.
Ce que j'apprécie dans cette lecture, ce sont les descriptions du Portugal, je me revois dans ce pays un peu sauvage mais avec un passé si riche, une langue grave et pourtant mélodieuse, des gens simples et fiers. J'y retourne aussitôt que je le peux.

mercredi 30 mars 2016

Découvrir un(e) écrivain(e), un bonheur!
        Voilà vraiment un des bonheurs de l'existence, lire un nouvel auteur et vouloir acquérir tout ce qu'il a écrit. Ma dernière en date, Catherine Leroux. J'ai lu "La marche en forêt" et depuis je veux lire tout ce qu'elle a écrit.  En ce moment, je savoure l'histoire de Madeleine et Édouard, une mère veuve, solitaire mais qui acceuille tous les vagabonds envoyés par son fils, Édouard, le voyageur, aventurier mais si empathique avec les gens qu'il rencontre sur la route, qu'il les envoie chez sa mère.
          "Elle a donc aménagé une chambre réservée à ces invités imprévus et créé des règles. L'alcool et la drogue sont interdits chez elle. Les visiteurs doivent choisir une tâche à accomplir durant leur séjour, mais cette tâche peut échapper au règne domestique.
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Enfin, la dernière règle -- et celle à laquelle Madeleine tient le plus: chaque invité doit écrire une lettre à ses parents avant de repartir." p.27
        Suit une description de visiteurs et de visiteuses si hauts en couleur, qu'on imagine que Madeleine pourrait facilement écrire un roman à leur sujet. Et puis, un jour son fils revient et elle savoure son bonheur jusqu'à ce que la nouvelle de sa maladie la frappe. Ce n'est pas tout car le docteur lui apprend aussi une autre nouvelle qui va littéralement bouleverser sa vie et qui part de la naissance d'Édouard.
         Il y a de quoi vouloir se terrer quelque part avec ce roman jusqu'au dénouement final. Comme il y a d'autres personnages qui viennent s'imbriquer dans la trame, la lecture devient encore plus palpitante.
        "Entre ces personnages, Catherine Leroux dessine une cloison fine comme un brin d'impossible qui tantôt sépare, tantôt unit, estompant la frontière entre les secrets, la vérité et l'inouï. Une histoire où l'on frappe trois coups sur un mur pour entendre en retour un mystérieux toc toc toc." Sur la quatrième de couverture.

         Parfois, il me prend des envies de polars comme une envie de crème glacée. Je vais fouiller à la bibliothèque car j'essaie de ne pas les acheter. Je suis trop boulimique de ce genre. Les romans policiers sont comme une drogue; il vaut mieux ne pas en avoir trop sous la main. Je préfère garder une liste d'auteurs et lire la collection entière de ma bibliothèque municipale. Ces temps-ci, je suis plongée dans les romans de Donna Leon, l'action se déroule à Venise. C'est un bonus, j'ai l'impression d'y retourner et de visiter toutes les petites "calle" que je n'ai pas vues et les trattoria, les bars, les cafés, je goûte avec le héros les pâtisseries locales, je savoure la vue de son bureau et de son appartement. Bref, je voyage à peu de frais. 
 
  

samedi 20 février 2016

Pluie glacée, branches lavées
Arbres brisés, égratignés
Sentiers affaisés
La nature nous attaque et prend sa place
Elle nous ramène sur la glace
Bois gris, écorché, parsemé de couleurs surranées
Gouttes d'eau tranchant les nuages gonflés
Crevés et s'épanchant sur nos corps accablés
Maudit hiver, je veux te quitter!

mardi 16 février 2016

Lire "Le livre de l'intranquilité" par Fernando Pessoa, c'est s'assurer un moment de beauté, une visite des Muses, l'espoir que l'art peut changer le monde.
      "J'aime à dire. Mieux encore, j'aime à enfiler les mots. Les mots sont pour moi des corps palpables, des sirènes visibles, des sensualités incarnées. Peut-être parce que la sensualité réelle ne présente pour moi absolument aucun intérêt - pas même mental, pas même en rêve; pour cette raison peut-être, le désir s'est transmué en ce qui est capable, en moi, de créer des rythmes verbaux, ou de les écouter chez les autres. Je frémis de plaisir s'ils disent bien. Telle page de Fialho ou de Chateaubriand éveille tout un fourmillement de vie au fond de mes veines, me plonge dans une fureur tremblante, extatique, sous le plaisir inaccessible que je connais en ces moments-là. Telle page, même de Vieira, dans sa froide perfection de mécanique syntactique, me fait trembler comme une branche au vent, dans un délire passif de chose que l'on agite". p. 288


J'aurais bien aimé écrire ce passage. Ce livre, une brique de six cents pages, abonde en paragraphes poétiques ou en réflexions profondes sur tous les sujets. Je peux l'ouvrir au hasard et trouver des phrases qui me délectent par leur poésie ou par l'habileté avec laquelle l'auteur les a construites et la vérité qui s'en dégage. Chaque fois que je lis un passage, cela suscite des pensées qui m'inspirent à écrire ou à créer.

mercredi 27 janvier 2016

Lorsque les événements mondiaux m'inquiètent, lorsque les puissants de ce monde me dégoûtent par leur abus du pouvoir, que les riches continuent de ruiner la planète par l'abus qu'ils font de nos ressources et le gaspillage qui s'en suit, je pense au lac Indien. C'est un petit trésor encadré par des arbres avec une famille de canards qui revient quêter des bouts de pain à tous les étés. Je peux m'asseoir sur le balcon du chalet, les pieds bien enveloppés dans ma doudou, une tasse de café dans les mains et contempler les rides des vagues sur le lac tout en écoutant la musique que font les peupliers faux-tremble dans le vent léger qui les balance. J'aimerais bien m'y rendre plus vite des fois.

samedi 16 janvier 2016

       La forêt, ce refuge éternel. Il me reste encore à lire le livre de Thoreau; il m'attend sur l'étagère de mon bureau comme une leçon que je dois subir, comme si je craignais les découvertes qui m'attendent entre ses pages. En ce moment, j'ai plutôt envie de me réfugier chez Robertson Davies. J'y ai trouvé ce passage qui me réconforte et me donne à réfléchir tout à la fois.

        "Il existe bien des façons d'éduquer la sensibilité. Je recommande la lecture comme la plus       abordable. Elle est à la portée de tout le monde. Est-ce que nous y recourons vraiment?
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la littérature est un art, et qu'en tant que telle, elle a le pouvoir d'élargir et de raffiner notre compréhension de la vie ". 

Lire et écrire. p. 21, Robertson Davies.

       Robertson Davies touche un point sensible. Bien des gens s'imaginent que l'éducation et le pouvoir ne sont accessibles qu'à travers de longues études, des investissements considérables d'argent et de temps et une intelligence moyenne ou supérieure. Pourtant, tout ce dont nous avons besoin, c'est un livre. Un livre en attire un autre et plusieurs livres attirent des gens et des discussions. Si je résume un autre passage de ce livre de Davies, il faut trouver un écrivain qui est capable d'ensorcellement, le shamanstvo, le pouvoir d'enchanter. Cet écrivain, cette écrivaine qui va susciter d'inattendues et merveilleuses révélations sur la vie et sur nous-mêmes.
      Voilà ce que je cherche dans mes innombrables lectures: le shamantsvo.



mardi 12 janvier 2016

             Il neige; il fait froid. Je veux me transporter à Madrid, parcourir des rues bordées de statues représentant des personnages inconnus de ma culture, racontant une histoire qui me fera frissonner. Je veux arrêter dans un café avec une banquette en velours râpé, des tables bistros qui peuvent tout juste accueillir deux cafés et deux assiettes, un vieux piano dans un coin, un bar décoré de cuivre, de laiton, de marbre et un garçon habillé de noir et de blanc avec la serviette pliée sur son avant-bras. Nous pourrions y passer trois heures à siroter nos cafés, à écouter subrepticement la conversation du couple sur la banquette voisine. Nous serions aux aguets afin de connaître le dénouement de leur drame et de poursuivre dans notre conversation le débat qui les animait. Ensuite, nous irions à regret déambuler dans les rues pavées de pierres pour forcer les touristes à faire des arrêts fréquents dans les boutiques. Toutefois, nous choisirions comme l'an passé de faire le tour des terrasses au Jardin botanique en s'émerveillant des couleurs, des formes de tous ces végétaux qui n'auraient aucune chance de survivre dans notre froidure canadienne.
              La neige devient plus dense; elle tourbillonne dans le champ et masque les herbes jaunies, s'accrochant aux arbustes et couvrant de sa douceur les racines des arbres. Les flocons deviennent plus lourds et se collent au sol, imitant la blancheur du marbre avec des veinures brunes, grises, jaunes et rougeâtres. En dépit de tous ses efforts pour déguiser le paysage, la neige ne peut remplacer le bonheur de contempler toutes les variétés de pierres et de marbre étalées dans le paysage urbain de Madrid. O sol mio!

lundi 11 janvier 2016

Sagres, le Portugal. Il fallait avoir une soif infinie de connaissances pour se lancer en mer avec des moyens comme une rose des vents dessinée dans du gravier et du sable au sommet d'un plateau avec vue sur l'océan Atlantique et le bout du monde. Lorsque je regarde cette photo, je suis ébahie par cette rose des vents. Je songe à tous les outils à notre disposition et les difficultés que doivent affronter les navigateurs et à quel point ces difficultés nous semblent incommensurables maintenant.  Qu'en était-il il y a des centaines d'années? Un choix limité de transport, d'outils scientifiques, une connaissance plus ou moins intuitive de la navigation. Pourtant, les explorateurs du Moyen-Âge se lançaient sur l'océan en toute confiance. Le besoin de découvrir, de connaître et d'apprendre dépassait la raison et la prudence. Nos ancêtres étaient des rêveurs. Les scientifiques de notre époque doivent réapprendre à rêver comme eux.

dimanche 3 janvier 2016

Une année dont on se souviendra: au début une attaque contre des dessinateurs, des artistes, des écrivains et à la fin une attaque envers le style de vie des Parisiens. Étant une artiste, je crois en la liberté d'expression. Les artistes écrivent l'histoire des civilisations mais ils la créent aussi. Leurs intuitions laissent deviner ce que le futur peut apporter. J'ai choisi cette photo de l'exposition Alex Colville à Ottawa car elle représente pour moi ce que l'artiste voyait dans la société de son époque.
Un artiste dérangeant, surprenant qui a eu une carrière importante et assez improbable.